Le Parisien: Les potagers en libre-service essaiment en Essonne

Les potagers en libre-service essaiment en Essonne

Florian Loisy |  | MAJ : 
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Corbeil-Essonnes, décembre 2015. Elsa appartient au groupe « incroyables comestibles » de Corbeil, une équipe de bénévoles qui cultive des fruits et des légumes en pleine ville pour les offrir aux passants. Une initiative qui pousse aussi dans d’autres communes
Corbeil-Essonnes, décembre 2015. Elsa appartient au groupe « incroyables comestibles » de Corbeil, une équipe de bénévoles qui cultive des fruits et des légumes en pleine ville pour les offrir aux passants. Une initiative qui pousse aussi dans d’autres communes (LP)

Les bénévoles se relaient, sans pression, sans contrainte. Certains arrêtent. D’autres reprennent le flambeau. Mais les « incroyables comestibles », cette opération lancée par des collectifs d’habitants, sans structure particulière, s’étend peu à peu en Essonne (lire encadré).

Ces jardiniers amateurs offrent des potagers en libre-service, en pleine rue et en toute saison.
Bien avant Saint-Michel-sur-Orge, où les volontaires sont en pleine construction de bacs, tout a commencé voici un peu plus de trois ans à Corbeil-Essonnes, sous l’impulsion d’Elsa notamment. « Sur Internet et à travers des reportages, j’avais vu que ça se faisait en Angleterre », se rappelle cette trentenaire. Parmi les précurseurs dans le département, Elsa a donc lancé ses potagers en libre-service dans sa rue, celle de la Commanderie. « J’ai installé des bacs avec des tomates cerises sur les fenêtres d’un bâtiment désaffecté qui donne sur la rue », précise celle qui récupère les graines dans le jardin de son père.
Le succès n’est pas immédiat. « Il faut que les gens osent, qu’ils comprennent, ça prend un peu de temps », commente Elsa qui demande aux enfants du quartier ce qu’ils aimeraient manger. « Ils m’ont répondu :des cerises. Je leur ai dit que ça allait être un peu dur », sourit-elle. Mais elle parvient à fédérer les habitants de la rue, avec ses tomates et de la menthe par exemple. Un voisin ajoute des pieds de framboisiers un peu plus tard. Et l’expérience est étendue dans d’autres secteurs de la ville avec des amis motivés.
Sauge, persil, fraises, cassis ou salades poussent au gré des saisons
« On a trois lieux et 7 bacs en permanence, avance Elsa. Mais ce n’est pas facile, il faut s’en occuper et virer les petites pousses qui ne sont pas comestibles sinon les gens ne voient pas que ça se mange ou les services de la ville retirent tout sans savoir. » Au bout de la rue Remoiville donnant sur les quais, Elsa et ses amis bénévoles ont colonisé les énormes blocs servant à empêcher des installations illégales de caravanes sur le parking. De la sauge, du persil, des fraises, du cassis ou bien même des salades poussent selon les saisons.
Dans une impasse de la rue Feray, les riverains préparent leur thé à la menthe à partir des potagers en libre-service. « Ce sont des initiatives locales, comme ça, qui créent du lien : ça rapproche les gens et on discute davantage entre habitants », assure cette photographe. Dans la rue Carnot, le propriétaire d’une belle maison met devant son portail des aromates qu’il vient de cueillir dans son jardin. Et dans les autres communes alentour, d’autres bénévoles lancent eux aussi à leur tour leurs incroyables comestibles. « Ce n’est pas nous qui leur avons donné envie, c’est spontané en général, les gens découvrent ce système comme moi par Internet et se lancent », confie celle qui s’occupe de coordonner les initiatives à travers la page Facebook « incroyables comestibles de l’Essonne ». Pour faire connaître ce mouvement citoyen, et susciter des vocations.
Déjà 17 villes conquises et bientôt Saint-Michel-sur-Orge
Saint-Michel-sur-Orge, novembre 2015. Les principaux bénévoles qui souhaitent utiliser l’espace public pour y semer et planter de la nourriture posent fièrement devant le panneau de la ville. Ils feront de leur commune la 18e de l’Essonne à participer à cette action. (DR.)
Vous ne le savez peut-être pas et pourtant vous pouvez déjà aller cueillir des fruits et légumes près de chez vous. A Athis, Brunoy, Corbeil, Draveil, Epinay-sous-Sénart, Etampes, Evry, Janvry, La Norville, Marcoussis, Massy, Milly, Saintry, Saulx-les-Chartreux, Tigery, Vigneux et Villeconin, des citoyens ont mis à disposition des bacs en libre-service. Pour dénicher les lieux, il suffit de se renseigner sur Internet, et notamment sur Facebook auprès d’« incroyables comestibles de l’Essonne ».
« On veut transformer l’espace public en jardin potager géant et gratuit »
Bientôt d’autres habitants viendront rejoindre ce mouvement. Ce sont ceux de Saint-Michel-sur-Orge. Ils ont même commencé en décembre à rencontrer les associations de quartier pour leur présenter le projet et lancer un travail de recensement des lieux possibles pour semer et planter. « On veut transformer l’espace public en jardin potager géant et gratuit et que les habitants de la ville s’approprient l’espace public, en prévenant la municipalité, mais en restant totalement indépendants, annoncent les bénévoles de Saint-Michel. Après, chacun peut participer comme il le souhaite. A titre individuel, en mettant devant chez soi un bac agrémenté d’un panneau nourriture à partager. Ou de manière collective en occupant donc des espaces publics. »
F.L.

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